Découvertes par les Européens aux XVIe et XVIIe siècles, les trois plantes tropicales que sont le thé, le café et le chocolat ont changé les cultures alimentaires de l’Europe, puis des Etats-Unis qui contribuent largement à leur mondialisation aujourd’hui. Boissons de santé, elles furent réclamées d’abord par les femmes, puis démocratisées au XIXe siècle lorsque les industries ont amélioré leur fabrication, faisant baisser les prix devenus progressivement accessibles. Flairant la bonne affaire, des entrepreneurs anglais, suisses, français, italiens, néerlandais, puis américains en ont profondément transformé leurs usages sociaux.
Dans la France d’Ancien Régime et dans certains pays de la Méditerranée aujourd’hui, le café est devenu une boisson politique. Par métonymie, il a désigné le lieu où l’on consommait la boisson, mais surtout où l’on voulait refaire le monde. Les femmes éduquées aimaient s’y rendre lorsque le plafond de verre leur interdisait l’accès aux salons tenues par les aristocrates. La Révolution française est née aussi dans les cafés et pas seulement sur les barricades. Les romans-fleuves comme la Comédie humaine de Balzac n’auraient pu voir le jour sans le café. Aujourd’hui, l’Egypte se refait une vie démocratique dans les cafés bien plus que sur les réseaux sociaux… Il serait temps que la Chine et la Corée du Sud se soucient du développement des cafés alimentés par le Vietnam devenu premier producteur mondial. Les révolutions grondent-elles dans le marc de café ? De toute cette histoire, on retiendra que les pratiques culturelles autour du café sont en pleine évolution. Partout dans le monde, y compris dans les pays en développement, le café s’impose comme une boisson de choix et impose des systèmes de culture à rénover et protéger.
Quant au thé et au chocolat, leur histoire et le destin que notre humanité leur fabrique aujourd’hui est tout aussi intrigant. Raison pour comprendre que ces trois boissons à l’origine de nos petits déjeuners, de nos lieux de sociabilité préférés dans les villes, de nos bureaux sans lesquels aucun groupe ne peut vivre dans ces espaces confinés, que toutes font partie de ces aliments essentiels pour comprendre les ressources inexploitées de l’alimentation.