Dix mille jardins en Afrique, 10 000 produits en danger de disparition à embarquer sur notre « arche du goût », 10 000 liens à créer au sein du réseau que Slow Food et Terra Madre ont tissé dans le monde entier. La plus grande association mondiale engagée dans la science gastronomique donne ainsi la synthèse de ses prochains objectifs, elle les transcrit dans son programme pour « la gastronomie libérée », sur ce chemin que les êtres humains ont encore à parcourir pour se réconcilier avec la Terre et se libérer du fléau de la faim et de la honte de la malnutrition.
Un programme trop ambitieux, une nouvelle utopie ? En parlant de « gastronomie pour la libération », Carlo Petrini ne rêve pas : au contraire, il a plus que jamais les pieds sur terre. Il retrace l’expérience de Slow Food et de Terra Madre à travers les multiples histoires qui valorisent le travail des petits paysans, les productions traditionnelles, l’éducation à la qualité des aliments sous la bannière du « bon, propre et juste ». Slow Food et le réseau Terra Madre, grâce aux succès remportés aux quatre coins de la Terre, et souvent là où la spéculation agro-industrielle et la pauvreté avaient frappé fort, influencent déjà les grandes agences de la gouvernance mondiale. Cette action doit être en première ligne de la lutte pour le droit à la nourriture, à l’eau et à la sauvegarde de la biodiversité : « Les aliments peuvent nous rendre libres, s’ils redeviennent nos aliments, par tous les moyens possibles et imaginables, au gré des différences de culture et de goût. Parce que la nourriture est liberté. »
Carlo Petrini, né en Italie en 1949, a derrière lui des études de sociologie et un engagement politique et associatif constant. Dans les années 1980, il fonde Arcigola, qui devient Slow Food en 1998 et dont il est toujours le président international.