A la rencontre des légumineuses (2) : l’Epicurium

differents-leg-secs9Les vacances permettent à certains de relier détente, loisirs et passions: pour ceux qui s’intéressent aux légumineuses, nous avons esquissé un parcours européen des événements proposés à l’occasion de l’Année Internationale qui leur est dédiée. Dans la continuité des lieux culturels et patrimoniaux se consacrant à l’alimentation que nous présentons de manière régulière, faisons un détour par Avignon, à l’Epicurium, situé à la Cité de l’Alimentation, une création à l’initiative de Terralia (pôle de compétitivité dédié aux fruits et légumes: une exposition temporaire « Prenez-en de la graine ! les légumes secs, du jardin à l’assiette » s’y donne à découvrir. Situons sa proposition et ses médiations.   

Les légumineuses, un art de s’alimenter écologiquement…

Le principal enjeu de cette exposition est de valoriser l’importance des légumineuses face au défi de nourrir la planète au 21ème siècle. Le parcours d’exposition cherche à conforter leur place dans notre alimentation, leurs qualités (agro-écologiques et nutritionnelles), les variétés anciennes ou récentes de fèves, pois, haricots, pois chiches, lentilles…), la diversité de leurs formes, goûts, usages.  On signifie ‘l’authenticité’ de ces produits, leur ‘créativité’ et leur grande adaptabilité. En cela, cette exposition s’inscrit dans cette tendance (précédent article) à mettre en récit les légumineuses, de manière tout à la fois esthétisante, ludique et militante.

L’Epicurium (Le végétal de la graine à l’assiette) 

240_F_37569712_fXt7oHwfHQIHKamoDkvdiDERvy3oeRf9L’Epicurium se veut un lieu éducatif et ludique : en lien avec les chercheurs de l’Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse, il propose des activités dédiées à la découverte des fruits et des légumes et s’inscrit dans des débats de société autour des mondes du végétal, portant sur des questions de santé, d’alimentation (origine des produits, transformation,…) et d’environnement, notamment via ses « Rencontres ».  Il se positionne comme un centre de découverte « au service d’un ambitieux projet culturel et scientifique », et certains le définissent comme un musée vivant, pédagogique et interactif où acteurs de la culture, de la découverte du territoire, de la formation  œuvrent à sensibiliser une diversité de publics aux thèmes de l’agriculture et de l’alimentation durable.

L’Epicurium offre une agrégation d’espaces invitant à découvrir la diversité, les origines, les modes de culture et de transformation, les singularités (couleurs, odeurs, sons) et leurs qualités nutritionnelles. Une invitation plurielle à penser le monde végétal dans ses aspects alimentaires et environnementaux, à se sensibiliser aux gestes simples de préservation de la nature, au fil d’expériences sensorielles, accessibles à tous. Pour prolonger la visite de l’exposition temporaire (mais aussi et surtout celle de l’exposition permanente), divers dispositifs ont été créés afin de faire redécouvrir les fruits, les légumes, de la graine à l’assiette.

AA_SAinsi : un potager qui rend compte de la diversité des espèces végétales ; une ruche et le fonctionnement d’une colonie d’abeilles et à l’analyse des relations entre la reine et ses ouvrières au travail ; un verger avec 100 arbres fruitiers avec un choix de variétés anciennes et nouvelles, des vignes ; des parcelles thématiques avec des légumes d’ici et d’ailleurs ; une serre consacrée à la préservation des cultures hors sol…  Mais aussi des animations visant à l’éducation et à l’éveil des sens : du rempotage à la rencontre des producteurs (notamment à l’occasion de marchés), des ateliers (« Tous à la ferme », « Arcimboldo », « Jardinier en herbe »…) aux dégustations (fruits, confitures, aromates, etc.) ainsi qu’un parcours ludique et pédagogique de 400 mètres de long (au cœur du verger)  à la découverte des paillis végétaux et minéraux (alliés écologiques des jardins).

Les enjeux citoyens de ce lieu sont confortés par la volonté de l’Université d’Avignon de relier culture et patrimoine, terroir et Agrosciences, ville et nature. Ce détour par la genèse et les missions de l’Epicurium permet de comprendre la singularité de cette exposition.

Un modèle économique public/privé

Epicurium-AvignonCette appropriation locale s’explique aussi par des raisons statutaires. S’il se présente comme une association de loi 1901, l’Epicurium est accompagné scientifiquement (Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse mais aussi l’INRA, l’Université Populaire du Ventoux, etc.) et financièrement (un Club des mécènes comprenant la Fondation Truffaut, l’entreprise Fibre Verte, l’appel au financement participatif, etc.), car ce projet a été lancé à l’initiative du Pôle Terralia (pôle de compétitivité agroalimentaire).

Ainsi, cette exposition et les discours qui la relaient et la singularisent sont intéressants en ce qu’ils s’inscrivent dans une programmation attendue par la FAO mais aussi en ce qu’ils confortent le positionnement de longue portée d’une institution située.

Dominique Pagès est membre du FOOD 2.0 LAB et chercheure au CELSA-GRIPIC- Paris Sorbonne.

Pour en savoir plus : Epicurium, 100 rue Pierre Baye, 84000 Avignon.

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