Ananas : au nom du rose !

1481928553-pink-pineappleMarre du jaune ?  Envie de nouveauté dans vos salades de fruit pour l’été ? L’ananas rose, vous en aviez rêvé (ou pas), Del Monte l’a fait. L’objet, pas encore commercialisé en France, est déjà adopté par les américains.

De quoi s’agit-il exactement ? Tout simplement d’un ananas génétiquement modifié pour exprimer dans ses tissus une bonne dose de lycopène c’est le fameux pigment qui donne notamment leur belle couleur rouge/rose aux tomates et aux pastèques. Plus précisément, dans la vie d’un ananas ordinaire, le lycopène est bel et bien synthétisé par le fruit, mais immédiatement transformé par une enzyme (la lycopène beta-cyclase), en beta-carotène, de couleur jaune. Il a donc suffi aux apprentis sorciers de Del Monte de “bricoler” un peu les gènes de l’ananas pour réduire la quantité de beta-cyclase produite… et ainsi de préserver la couleur rose à la source !

Le procédé n’est pas nouveau :  il a été notamment utilisé à l’inverse, pour sur-exprimer la beta-cyclase dans les tomates et leur donner une couleur… orange.  Un Feu d’artifice garanti dans le potager.

pink-pineappleA quoi ça sert, me direz-vous ? A pas grand-chose, si ce n’est à faire marrer le consommateur et exciter le food blogueur/instagrameur qui sommeille en lui.  Est-ce dangereux ? Non, le lycopène comme le beta-carotène étant tous deux des caroténoïdes connus pour leurs (supposées) vertus anti-cancer, la transformation de l’un en l’autre n’a a priori pas d’autres effets que visuels. Reste à voir ce que la communauté européenne va penser de ce nouvel arrivant haut en couleur, dont la présence sur nos étalages n’est pas pour tout de suite.

En attendant, une question me taraude: si l’ananas est rose, comment va-t-on le distinguer du jambon sur les Pizzas hawaïennes ? Pas impossible que cela soit précisément cette angoisse qui ait récemment emporté son inventeur dans la tombe.

Christophe Lavelle est chercheur au CNRS et au Muséum National d’Histoire Naturelle, à Paris. Il est également formateur à l’ESPE pour les professeurs de cuisine et co-fondateur du Food 2.0 LAB.  Il a récemment publié “Toute la chimie qu’il faut savoir pour devenir un chef!” (Flammarion).

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