Comment les phénomènes migratoires, qu’ils soient permanents ou temporaires, influencent nos pratiques alimentaires ? Dans un contexte de mobilité généralisée, comment se reconfigurent les systèmes culinaires dont les territoires historiques d’expression ne cessent de voir leurs frontières se brouiller ? Les termes consacrés de cuisines nationales, régionales, voire locales, sont-ils encore pertinents pour étudier la dimension spatiale des pratiques alimentaires ? A Izmir, ville turque au profil démographique historiquement marqué par les flux migratoires, ces questions trouvent un terrain d’étude particulièrement riche : aux cultures migrantes albanaises, grecques, juives, turques « traditionnelles » s’associent aujourd’hui des migrations d’origine et de nature différentes (réfugiés africains et moyen-orientaux, touristes turcs ou étrangers, retraités européens, etc.) qui redéfinissent, chacune à leur manière mais en interaction permanente, le paysage alimentaire de la ville et de sa région.
Avec Pierre Raffard, géographe à l’université économique d’Izmir, chercheur affilié à l’ISCC et au Food 2.0 LAB.