Dans une région bien délimitée, la légation de Bologne et le duché de Milan, à la même époque, autour des années 1580, trois artistes, Vincenzo Campe, Bartolomeo Passerotti et Annibale Carracci, vont se mettre à peindre un nouveau type de représentations, ce que l’on nommera a posteriori des scènes de genre. Une simultanéité étonnante, d’autant plus que ces nouvelles peintures ont une autre caractéristique commune : elles représentent toutes des personnages aux gestes et aux formes d’action dictés par la présence de la nourriture. Comprendre le rôle de l’aliment dans l’émergence même de la peinture de genre en Italie est ce à quoi s’attache ce livre.
D’Anvers à Bologne et Crémone, des tableaux de boucherie à la littérature macaronique de Folengo, du musée d’Ulisse Aldrovandi aux écrits des diététiciens italiens de l’époque, des Zanni de la Commedia dell’arte à la figure emblématique de la Cula, ce texte analyse les liens entre peinture et nourriture, mis en perspective dans la culture italienne du Cinquecento. Basé sur un riche corpus iconographique et un ensemble de textes artistiques, ce livre tire son originalité de l’exploitation de toute une production littéraire et théâtrale de la Renaissance ayant trait à la nourriture, mais aussi de traités de diététiques, de livres de cuisine et de textes relatifs à la théorie des humeurs. Au croisement de l’anthropologie et de l’histoire de l’art, ce travail de recherche éclaire l’apparition de la peinture de genre en Italie par l’analyse des motifs alimentaires qui y sont représentés. Chargée à la fois de significations traditionnelles et de sens nouveaux, la nourriture représentée génère, de toute évidence, un dispositif créateur organisant ces peintures de genre.
Valérie Boudier est historienne de l’art et docteure de l’École des hautes études en sciences Sociales de Paris (EHESS). Rattachée au centre d’Histoire et Théorie des Arts (CEHTA), elle travaille actuellement sur les contenus spirituels des tableaux alimentaires au lendemain de la Contre-Réforme. Son prochain ouvrage portera sur les enjeux théoriques et plastiques des natures mortes de viande des XVIe et XVIIe siècles, dans l’art occidental.
Sommaire :
- De nouveaux sujets
Trois artistes et un thème
Titres, descriptions, interprétations
Acclimatation des modèles flamands - L’étalage alimentaire et ses plaisirs
Copies, reprises et séries chez Vincenzo Campi
Plaisirs alimentaires - Plaisirs de table
Le temps du repas
Quels aliments au menu ? Hiérarchie et diététique
Les lieux du repas - La cuisine, sujet archétypal du genre
Lorsque l’ustensile sort de la cuisine
Personnel de cuisine et préparations
L’art de cuisiner - Des peintures troublantes
Une peinture de l’obcène
Ruralité et débordements lubriques
La viande et ses représentations
D’une boucherie à l’autre
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