Zone de guerre et vie sur Mars : imprimante alimentaire 3D et survie en espace hostile

3D PizzaA l’occasion de l’exposition « Impression 3D L’Usine du futur » (qui vient de s’ouvrir au Lieu du design) nous poursuivons nos focus sur ses applications alimentaires… Certes si l’exposition met concrètement en scène ce mode de production (associé aux outils de conceptions numériques) et illustre en quoi il peut bouleverser nos modes de vie et de consommation mais aussi nos modèles industriels, elle  n’illustre que très timidement ces applications.

Aujourd’hui nous évoquerons la place de l’impression alimentaire 3 D dans le contexte militaire. Après la Nasa et la Navy (qui organisa en 2014 sa première Maker Fair, Print the fleet, afin de sensibiliser et d’initier ses soldats à cette nouvelle méthode de  fabrication), l’US Army (et plus spécifiquement le Natick Soldier RD&E Center) s’intéresse à de nombreux projets numériques dont celui de l’impression 3D et aux possibilités que celle-ci ci ouvre à un ravitaillement de qualité, moins onéreux et anti-gaspi pour ses soldats engagés sur de nombreux fronts de par le monde.

NSRDEC

C’est en s’interrogeant sur l’amélioration de la distribution d’un aliment à l’origine périssable et en étudiant les récentes avancées de l’impression des plats culinaires que le NSRDEC (qui vise à maximiser la capacité de survie, de qualité de vie mais aussi de mobilité et d’efficacité au combat des soldats) croit avoir trouvé la réponse : une imprimante 3D de format très réduit (spécialement conçue pour ces usages), ainsi que le développement de cartouches d’impression contenant tous les nutriments nécessaires au bien être des combattants…

imagesGrâce à celles-ci il serait bientôt envisageable d’envoyer des soldats dans des contrées difficiles d’accès en s‘assurant de leur saine alimentation. Il leur suffirait de charger dans cette imprimante 3D les cartouches des plats qu’ils préfèrent pour déguster un repas « savoureux » (ou pas) dans un environnement hostile. Ce type d’alimentation répondrait donc à divers soucis de la logistique de l’US Army : réduire le coût de leurs opérations, simplifier le ravitaillement car un simple drone pourrait  être utilisé pour larguer les colis de cartouches fraîches aux groupes isolés (et, ajoute l’US Army, dans un singulier élan de générosité démocratique, en faire profiter les populations qui souffrent des effets de la guerre). Quand l’imprimante 3 D devient un outil de paix en temps de guerre…

Food 3d PrinterDe plus, cette production des aliments via les imprimantes 3D répondrait de manière très personnalisée aux besoins des soldats. Ainsi selon leurs carences, des aliments pourraient être imprimés avec la bonne quantité de vitamines, de minéraux ou de protéines. Promesses qui ne devraient pas manquer de séduire la grande consommation… Par ailleurs, l’imprimante 3 D en contexte hostile devrait répondre à d’autres enjeux cruciaux que nous ne ferons ici qu’évoquer : pallier à des avaries (réparation 3D « sur mesure », soigner via l’impression 3D de peau et d’organes pour guérir des soldats blessés, brûlés,…), etc.

Mais rappelons par cette image plus troublante que succulente que la Nasa avait ouvert le chemin avec son imprimante à pizza dont les futurs cosmonautes en partance pour Mars seront amenés à apprendre le maniement : ils devraient partir confiants car la durée de vie des cartouches à pizzas pourrait semble t’il être de 30 ans !

Dominique Pagès est membre du Food 2.0 LAB et enseignante chercheure au CELSA.

A l’occasion de l’ouverture au Lieu du Design (11 rue de Cambrai, 75019 Paris)  vendredi 1er avril de l’exposition « Impressions 3 D, l’usine du futur ».

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