Dans son livre Pachamama, le chef Manuel Kak’wa Kurtness nous propose un retour à nos racines alimentaires et un voyage “ethnogourmand” dans l’univers culinaire des Premières Nations.
“La cuisine des Premières Nations dont il est question dans ce livre n’a rien de folklorique. C’est une cuisine qu’on a oublié de faire. On a oublié le goût du gibier ou des plantes autochtones qui poussent dans nos forêts du Québec. Des aliments qui nous rapprochent de ce qu’on devrait, en fait, manger pour notre bien-être”, explique Manuel Kak’wa Kurtness. Dès les premières pages de son magnifique ouvrage intitulé Pachamama (ou Terre-Mère en langue quechua), publié aux éditions du Boréal, on entre dans l’univers “ethnogourmand” de ce chef d’origine innue, professeur de cuisine et guide de plein air à Mashteuiatsh – une communauté autochtone située à 5 km de Roberval, au Lac-Saint-Jean -, également artiste peintre et animateur de la série télé Pachamama sur l’alimentation des Premières Nations (actuellement diffusée sur les chaînes APTN et TFO). Les superbes photos d’Albert Elbilia nous conduisent sur les traces de ce professeur qui emmène ses élèves à la chasse et à la pêche “pour vrai”, comme son père l’a fait avec lui. “Redevenir des cuisiniers nomades qui récoltent, chassent et préparent leurs repas en pleine nature fait revivre la culture, l’identité de ces jeunes. Aujourd’hui, nous achetons nos aliments au supermarché, souvent nous ignorons d’où viennent les ingrédients que nous utilisons pour nous nourrir… Il y a pourtant un garde-manger naturel tout autour de nous dont nous ne soupçonnons pas l’existence.” Divisé en 11 chapitres, le livre évoque l’histoire et les traditions culinaires de 11 nations autochtones vivant au Québec, des Hurons-Wendats qui cultivaient les trois soeurs, la courge, le maïs et le haricot, aux pêcheurs experts micmacs, en passant par les nomades innus qui cuisinaient le saumon, le caribou, le phoque, le porc-épic ou l’ours sans en perdre une miette, fabriquant des vêtements et tentes en peaux et divers outils avec les os et les ligaments des animaux. Pourtant, les recettes que Manuel Kak’wa Kurtness propose sont bien ancrées dans la réalité d’aujourd’hui, certaines évoquant même la haute gastronomie québécoise puisque le chef a notamment fait ses classes avec Daniel Vézina au Laurie Raphaël de Québec. “C’est une cuisine très simple, avec de super-ingrédients, et elle n’est pas exclusivement réservée aux chasseurs et aux pêcheurs. On fait tous des BBQ et des pique-niques. Dans le livre, je propose, par exemple, une recette de similicastor à réaliser avec un pied de veau et de la viande de porc pour retrouver en bouche la texture et le goût de ce gibier pour le moins difficile à dénicher en épicerie!”